5 juil. 2012

Hater





Dans un précédent article, je vous promettais de vous brosser le portrait de La Sorcière de Noire-Neige et les Septs Nains, que je n'avais pas encore rencontrée mais dont j'aurais préféré ignorer l'existence. Hélas, la rencontre a eu lieu et loin d'être une légende, La Cruelle Sorcière existe bel et bien. Pour mystifier son monde, elle a choisi d'aller se perdre en une lointaine contrée dont on dit qu'elle n'est peuplée que de gentils nains qui oeuvrent sans relâche pour sauver le monde: la ZEP. C'est qu'elle est futée la Vilaine Sorcière! Qui irait donc la chercher par delà les enceintes de la ville?



Je vous rappelle que je me complaisais alors dans la posture de l'observateur, celui qui commente mais ne prend pas part aux nombreux drames qui secouent le merveilleux royaume de l'Education Nationale. Mais la redoutable Sorcière aux longues griffes manucurées m'y a précipitée sans même que je puisse lui résister. Le charme a été rompu! Fini le conte de fées!


Cette sorcière, je la déteste tellement, que lorsque je la croisais dans les couloirs j’avais envie de… @ ? & % . Non, restons civils. Je la déteste tellement que lorsque je la croisais dans le couloir j’avais envie de la provoquer en duel afin qu’on en découse dans la cour et qu’on en finisse une fois pour toutes : elle, transpercée par ma fine lame, la langue pendante, l’œil vitreux. Oh ! Voilà que ça recommence !

Mais pourquoi tant de haine ?! Je sens une pointe de réprobation dans la manière dont vous déchiffrez ces mots. Vous vous dites que je l’ai bien mérité hein ! Eh bien détrompez-vous ! Cette collègue a été la collègue la plus malveillante, n’ayons pas peur des mots, la plus méchante qu’il m’ait été donné de rencontrer.

Je suis sûre que vous connaissez des personnes de cet acabit : vous savez celles qui veulent toujours parler plus fort que les autres ; celles qui occupent l’espace en permanence ; qui rayonnent par leur vulgarité ; dont l’incompétence n’est plus à prouver ; qui jouent les fausses rebelles pour attirer l’attention sur elles ; qui passent d’un extrême à l’autre en moins de temps qu’il faut pour se retourner quand on écrit au tableau et qu’on sent une agitation inhabituelle dans son dos ; qui, en parlant de  dos, cassent du sucre sur le vôtre dès que vous l’avez tourné, sans raison, par pur plaisir. Mais oui ! Vous en connaissez des personnes comme ça. On en connaît tous ! Dans la mythologie urbaine, on appelle ce genre de personnage « hater ».

Il s’avère que cet être de peu de classe enseigne la même matière que moi. Et pour ce qui est de l’incompétence elle en connait un rayon : insultes à élève, lacunes avérées de ceux qui sont passés entre ses mains, fautes d’orthographe inimaginables… Ce hater-là, comme tous les haters en somme, s’est senti menacé par ma personne dès le début de l’année et s’est donné pour mission de me traquer et de me faire craquer. Comme vous le savez, j’étais en Zone Sensible. Et en plus de la donnée « élèves atypiques » (euphémisme quand tu nous tiens !) et de la donnée « parents en colère », il a fallu que je compose avec la nature caractérielle de ce détestable personnage dont la jalousie maladive et l’obsession incurable ont pris plus d’importance à mes yeux que les nombreux problèmes de discipline de mes élèves. Comme si j’avais intégré l’Education Nationale pour retrouver l’ambiance cat-fight des bureaux : car Madame tenait régulièrement en salle des profs des conférences de presse à mon sujet à l’occasion desquelles elle débriefait mes cours. Elle intervenait dans ces cours pour châtier mes élèves, comme si la vingtaine de charmants bambins qu’elle avait à se mettre sous la dent ne suffisait pas à satisfaire son appétit d’ogre. Et lorsque je lui demandais d’arrêter, elle montait sur ses grands chevaux et criait au scandale. Enseigner c’est aussi être le chef dans sa classe (et tous les cinq ans recevoir la visite d’un gentil Monsieur qui vient vous dire que c’est bien mais que ça pourrait être mieux). Eh bien, je n’étais plus le chef : je me sentais épiée en permanence, tous mes faits et gestes étaient calculés avec minutie pour que la conférence de presse qui aurait lieu deux étages plus bas soit la plus brève possible.

Je vous le dis, il y a bel et bien des haters dans l’Education Nationale, des personnes dont on se demande comment elles ont obtenu leur concours (« Incorrect, ça prend un ‘r’ ? ») et qui le savent tellement qu’elles déversent leur haine sur tous ceux qui leur rappellent à quel point elles sont nulles.

C’est ainsi que s’achève mon émouvant hommage à celle qui a été mon bourreau pendant 8 mois, la chef de file des haters de l’Education Nationale, un gang dont j’espère qu’on saura juguler la prolifération. A coup d’arrêts maladie par excès de pression (mon mépris, l’indignation des autres collègues et de certains parents), on devrait pouvoir y arriver ! Comme quoi, il y a une justice ; même dans l’Education Nationale ! Et comme le dirait un de mes disciples : « Elle s’est fait maraver, la paille [sic] »
O_O

Et vous donc? Avez-vous déjà eu affaire à des haters dans le milieu du travail (ou ailleurs)? Dites-moi tout!

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