9 mai 2010

du conformisme en Education


Pour être prOf, chers amis, il faut être dans la norme. Un prof, c'est avant tout un être "normal", une image d'Epinal incarnée...oui...

...sauf moi!

Allons bon, qui aurait l'idée d'être prof alors qu'il est Noir?! Bon, d'accord, on en voit des profs noirs! Oui mais, oui mais... dans les ZEP, chers amis! Dans les campagnes ou dans le Sud (dont les habitants sont bien connus pour leur goût immodéré pour l'Etranger... ah les clichés... allez, j'arrête!) il n'est pas aisé d'être prof ET Noir! C'est ou l'un, ou l'autre! J'aime penser que ce que vivent les Jean-Michel et les Julie dans le 9-3 est similaire à ce que vit Mamadou ou Fatma dans le Gers ou à Brignoles: une réaction de rejet, une défiance constante, d'une part, et un besoin permanent de se faire accepter et de prouver sa légitimité, de l’autre.


Première année: collège huppé, bourgeois; un élève entreprend de m'imiter avec un accent petit nègre que ni moi, ni mon entourage n'a jamais décelé et ne décèlera sans doute jamais. Scandale, excuses publiques et malaise jusqu'à la fin de l'année.
Entre-temps, j'ai eu droit aux "Mamadou" et autres plaisanteries dont je suis censée rire, mais qui me font plutôt pleurer! Oui, je suis sensible, cher lecteur, mais je sens que tu me comprends...

Deuxième année: collège "classe moyenne"; d'entrée de jeu je reçois en guise de cadeau de bienvenue "Bamboula", suivi de "j'adore la banane" (avec un accent Antillais* pour mieux faire passer le message). Nouveau scandale et exclusion du collège pour les fautifs (ou "fils de bip!!!!" dans mon langage, mais nous savons tous qu’un prof digne de ce nom ne s’exprime pas ainsi, voyons !) Les plaisanteries n'ont pas cessé mais elles se sont faites sous cape, sournoisement.

* je ne suis pas Antillaise

Tout ceci fait que je ne me suis toujours pas sentie à ma place entre un bureau et un tableau noir. Mais d'autres facteurs entrent en jeu.

Mon physique déjà.

Ouhlala! Ca devient intéressant?!

Par physique j'entends ma taille, mes jambes, mes fesses, ma bouche, mais aussi ma façon de m'habiller. Et là, je ne suis plus une "bamboula" mais une "salOoooope!". Enième digression, cher lecteur, pour te dire que je préfère de loin être traitée de "salope!" que de "bamboula". En entendant "salope!" à la sortie du collège, j'ai eu le sentiment d'être réintégrée dans la catégorie des humains, de redevenir un être à part entière et plus une bête de foire dont on ne remarque que les différences. Des salopes, il y en a plein les rues, des Noires, des Asiatiques et DES BLANCHES! Salopes sans frontières, unissons-nous! Revenons à nos moutons. J'ai déjà mentionné ici les baskets (Converse all star light OX... oOps, pas de pub!), mais je n'ai pas encore parlé de mes slims ultra moulants, ni même de la jupe-bottes que j'ai osé mettre cette année. Je suscite donc, bien malgré moi, chez l'ado pré pubère une certaine convoitise (la "salOpe" étant l'idéal féminin des garçons de cet âge et même des plus vieux*) et chez mes collègues bienveillants beaucoup de méfiance.


*finalement, je pense que ce "salOooope!" était davatange qu'un paliatif:  c'était un compliment déguisé!! Mais oui, du style: "T'es trop bOnne, Madame!" !

Arriver au collège sans le sacro-saint cartable de prof , ça n'aide pas non plus? Et Ipod vissé aux oneilles... encore moins! Parsemer son discours de "genre", "trop fort" et "c'est clair"... encore pire!  (je précise: en dehors de l'établissement et surtout pas devant les élèves). Faire une séquence sur un film d'ados ou une séance sur "La Revanche d'une Blonde"... genre! ça frise l'inspection, ma chérie!

Je vous l'ai dit, pour être prof, il faut rentrer dans le moule: même langage, même dégaine, même humour et mêmes délires. Une secte, je vous dis! D'ailleurs c'est bien pour ça que les profs se marrient et se reproduisent entre eux! Mais et l'école dans tout ça?! Si l'école est le lieu de socialisation et d'érudition par excellence, ne faut-il pas que le savoir soit divers et varié et que la source de ce savoir soit elle-même éclectique?! Mais nous le savons tous, l'école n'est plus un lieu d'érudition, mais juste une grande crèche pour ados!

(--Tu es bien pessimiste "prOfetalors"!
-- C'est juste que j'ai perdu toutes mes illusions, cher lecteur!")

Heureusement, il existe encore des salles de profs où toutes les composantes de l'Education se mélangent harmonieusement, mes ces lieux sont rares. J'ai trouvé le mien et on m'y a arraché. Mais ne vous emballez pas, voyons! La suite au prochain épisode....

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